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La rupture conventionnelle : procédure, avantages et inconvénients

Dernière mise à jour : 6 nov. 2023


La rupture conventionnelle, instituée par la loi n°2008-596 du 25 juin 2008 portant modernisation du marché du travail, est une procédure qui permet de mettre fin à un contrat de travail à durée indéterminée (CDI) par un accord mutuel entre l'employeur et le salarié. Cette procédure, codifiée aux articles L1237-11 à L1237-16 du Code du travail, est distincte du licenciement ou de la démission, et offre une troisième voie pour terminer un CDI.


Depuis son introduction, la rupture conventionnelle a gagné en popularité auprès des employeurs et des salariés, en raison de sa souplesse et de sa sécurité juridique. Elle offre une solution pour ceux qui souhaitent mettre fin à leur relation de travail de manière amiable, tout en évitant les formalités et les risques d'un licenciement ou d'une démission. Son importance ne peut être sous-estimée, car elle reflète une évolution du droit du travail vers des formes plus flexibles de gestion des relations de travail.


L'objectif de cet article est d'examiner en détail la procédure de la rupture conventionnelle, ainsi que ses avantages et inconvénients pour les parties concernées. Il se propose d'offrir un guide pratique et une analyse critique de cette procédure, afin de permettre aux employeurs et aux salariés de la comprendre et de l'utiliser efficacement.


Besoin de conseil ou d'un accompagnement pour une rupture conventionnelle ? Nos avocats spécialisés en rupture conventionnelle sont à votre disposition.


II. Procédure de la rupture conventionnelle


A. Étapes préalables : entretiens et négociations


La procédure de rupture conventionnelle commence par un ou plusieurs entretiens entre l'employeur et le salarié. Lors de ces entretiens, qui peuvent être à l'initiative de l'une ou l'autre partie, les conditions de la rupture sont discutées et négociées. Le salarié a le droit d'être assisté par une personne de son choix.


B. Signature de la convention de rupture


Une fois un accord trouvé, une convention de rupture est établie par écrit et signée par les deux parties. Cette convention fixe notamment le montant de l'indemnité de rupture, qui ne peut être inférieur à l'indemnité légale de licenciement (art. L1237-13 du Code du travail).


C. Homologation par la Direccte


La convention de rupture doit ensuite être homologuée par la Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l'emploi (Direccte), qui dispose d'un délai de 15 jours ouvrables pour se prononcer. L'absence de réponse au-delà de ce délai vaut acceptation.


D. Rétractation et délai de réflexion


Chaque partie dispose d'un délai de rétractation de 15 jours calendaires après la signature de la convention. Si aucune des parties ne se rétracte pendant ce délai, la rupture conventionnelle devient définitive.


E. Finalisation de la rupture conventionnelle


La rupture du contrat de travail intervient à la date fixée par la convention de rupture, sous réserve de l'homologation de la Direccte. Elle ne peut intervenir avant le lendemain du jour de l'homologation (art. L1237-14 du Code du travail). À compter de cette date, le salarié est libéré de son obligation de travailler et l'employeur de son obligation de rémunérer le salarié.


La rupture conventionnelle donne lieu au versement de l'indemnité de rupture convenue, qui ne peut être inférieure à l'indemnité légale de licenciement, ainsi qu'à l'établissement d'un certificat de travail, d'une attestation Pôle emploi et d'un solde de tout compte.


Il est important de noter que la procédure de rupture conventionnelle est encadrée par la loi et doit respecter les étapes décrites ci-dessus. Toute irrégularité dans la procédure peut entraîner l'annulation de la rupture conventionnelle et exposer l'employeur à des sanctions. Par conséquent, il est essentiel pour les parties de bien comprendre et de respecter leurs obligations respectives.


En résumé, la rupture conventionnelle est une procédure complexe qui offre une alternative intéressante au licenciement ou à la démission. Toutefois, elle nécessite une bonne connaissance du droit du travail et une attention particulière aux détails pour être mise en œuvre correctement et efficacement. Il est donc conseillé de se faire accompagner par un avocat spécialisé en droit du travail lors de la négociation et de la mise en œuvre d'une rupture conventionnelle.


III. Avantages de la rupture conventionnelle


A. Pour le salarié

  • Volontariat et négociation de l'indemnité

La rupture conventionnelle est une procédure volontaire, ce qui signifie que le salarié doit consentir à la rupture de son contrat de travail. L'employeur ne peut pas imposer une rupture conventionnelle sans l'accord du salarié (art. L1237-11 du Code du travail). De plus, le salarié a la possibilité de négocier l'indemnité de rupture, qui peut être supérieure à l'indemnité légale de licenciement.

  • Droit au chômage

Contrairement à la démission, la rupture conventionnelle donne droit à l'allocation d'aide au retour à l'emploi (ARE) (art. L5422-1 du Code du travail). C'est un avantage considérable pour le salarié qui souhaite quitter son emploi sans pour autant se retrouver sans ressources.

  • Possibilité de réorientation professionnelle

La rupture conventionnelle offre au salarié l'opportunité de se réorienter professionnellement. Avec l'indemnité de rupture et le droit au chômage, le salarié dispose d'une certaine sécurité financière pour entamer une formation, créer une entreprise ou chercher un emploi plus conforme à ses aspirations.

B. Pour l'employeur

  • Solution amiable pour terminer un contrat

La rupture conventionnelle permet à l'employeur de mettre fin à un contrat de travail de manière amiable, sans avoir à justifier d'un motif économique ou d'une faute du salarié. C'est une solution pratique pour se séparer d'un salarié en préservant une bonne relation de travail.

  • Coûts prévisibles

Avec la rupture conventionnelle, l'employeur peut anticiper le coût de la séparation. L'indemnité de rupture est fixée par accord entre l'employeur et le salarié, ce qui permet à l'employeur de maîtriser ses coûts.

  • Moins de risques de litige que dans un licenciement

La rupture conventionnelle, si elle est correctement mise en œuvre, présente moins de risques de litige que le licenciement. En effet, une fois la convention de rupture homologuée par la Direccte, le salarié ne peut plus contester la rupture de son contrat de travail, sauf en cas de vice du consentement (art. L1237-14 du Code du travail).


IV. Inconvénients de la rupture conventionnelle


A. Pour le salarié


Indemnité de rupture souvent inférieure à celle d'un licenciement


Bien que le salarié puisse négocier l'indemnité de rupture, celle-ci est souvent inférieure à l'indemnité qu'il aurait perçue en cas de licenciement pour motif économique ou pour inaptitude d'origine professionnelle.


Pas de recours au conseil des prud'hommes en cas de désaccord


Une fois la convention de rupture homologuée, le salarié ne peut pas saisir le conseil des prud'hommes pour contester la rupture de son contrat de travail, sauf en cas de vice du consentement. C'est un inconvénient majeur pour le salarié qui découvrirait après coup un élément qu'il n'avait pas pris en compte lors de la négociation.


Risque de pressions de l'employeur


Il existe un risque que l'employeur exerce des pressions sur le salarié pour obtenir son accord à une rupture conventionnelle. Même si ces pratiques sont illégales et peuvent entraîner l'annulation de la rupture conventionnelle, elles sont difficiles à prouver.


B. Pour l'employeur


Négociation d'une indemnité plus élevée


La négociation de l'indemnité de rupture peut aboutir à un montant supérieur à l'indemnité légale de licenciement, ce qui représente un coût supplémentaire pour l'employeur. De plus, l'indemnité de rupture est soumise à cotisations sociales, ce qui augmente encore le coût de la rupture conventionnelle pour l'employeur.


Période de flottement pendant le délai de rétractation


Le délai de rétractation de 15 jours calendaires après la signature de la convention de rupture peut créer une période d'incertitude pour l'employeur. En effet, le salarié peut se rétracter pendant ce délai, ce qui annulerait la rupture conventionnelle.


Possibilité de refus de l'homologation par la Direccte


Enfin, l'homologation de la convention de rupture par la Direccte n'est pas automatique. La Direccte peut refuser l'homologation si elle estime que le consentement du salarié n'a pas été librement donné ou que la convention de rupture ne respecte pas les dispositions légales. Ce refus peut retarder ou même annuler la rupture conventionnelle, avec toutes les conséquences que cela peut entraîner pour l'employeur.


En bref, la rupture conventionnelle présente des avantages et des inconvénients à la fois pour le salarié et pour l'employeur. Il est donc essentiel pour les deux parties de bien comprendre la procédure, de négocier de bonne foi et de respecter leurs obligations respectives pour que la rupture conventionnelle se déroule dans les meilleures conditions possibles.


V. Études de cas


A. Rupture conventionnelle réussie : les facteurs de succès


Prenons l'exemple de Mme Dupont, une salariée qui souhaitait se réorienter professionnellement. Après plusieurs entretiens avec son employeur, ils ont convenu d'une rupture conventionnelle. Mme Dupont a négocié une indemnité de rupture supérieure à l'indemnité légale de licenciement. Elle a également pris soin de vérifier que les documents de rupture (certificat de travail, attestation Pôle emploi, solde de tout compte) étaient correctement établis.


Après l'homologation de la convention de rupture par la Direccte, Mme Dupont a pu bénéficier de l'ARE et entreprendre une formation pour se réorienter professionnellement. Les facteurs de succès dans ce cas ont été la bonne préparation de Mme Dupont, la transparence des discussions et le respect des procédures légales.


B. Rupture conventionnelle problématique : les pièges à éviter


À l'inverse, M. Martin a vécu une rupture conventionnelle problématique. Pressé par son employeur d'accepter une rupture conventionnelle, il a signé la convention de rupture sans prendre le temps de bien comprendre ses droits. L'indemnité de rupture convenue était inférieure à l'indemnité légale de licenciement et M. Martin n'a pas pu bénéficier de l'ARE, car l'employeur avait omis de lui remettre l'attestation Pôle emploi. Dans ce cas, les pièges à éviter sont les pressions de l'employeur, l'ignorance des droits du salarié et le non-respect des procédures légales.


VI. Conclusion


Cet article a examiné en détail la procédure de rupture conventionnelle, ses avantages et ses inconvénients pour le salarié et l'employeur, ainsi que des études de cas illustrant une rupture conventionnelle réussie et une rupture conventionnelle problématique.


La rupture conventionnelle est un outil précieux pour gérer la fin d'un contrat de travail de manière amiable et flexible. Cependant, elle nécessite une approche équilibrée et éclairée pour être utilisée de manière bénéfique et équitable.


Il est essentiel que les salariés et les employeurs comprennent bien leurs droits et obligations respectifs et respectent les procédures légales pour faire une utilisation responsable de la rupture conventionnelle. En cas de doute ou de difficulté, il est recommandé de faire appel à un avocat spécialisé en droit du travail.



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