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Photo du rédacteurLe Bouard Avocats

Assemblées générales à distance: les modifications législatives post-COVID

Dernière mise à jour : 5 févr.


La pandémie de COVID-19 a eu un impact considérable sur le fonctionnement des entreprises, notamment en ce qui concerne la tenue des assemblées générales. Les mesures de confinement et les restrictions sanitaires ont rendu difficile, voire impossible, la réunion physique des actionnaires et des dirigeants.


En vertu des dispositions du Code de commerce, notamment les articles L. 225-96 à L. 225-117, la tenue d'assemblées générales en présence physique était la norme. Toutefois, la crise sanitaire a exigé une révision rapide et substantielle de ces dispositions légales afin de permettre la continuité des opérations commerciales et la prise de décisions stratégiques.


Le présent article a pour objectif d'examiner les modifications législatives intervenues en réponse à la pandémie de COVID-19, qui ont permis la tenue d'assemblées générales à distance. Nous nous pencherons également sur les implications pratiques et juridiques de ces changements pour les entreprises, en mettant l'accent sur les avantages et les inconvénients de cette nouvelle modalité de réunion.


Cadre Légal des Assemblées Générales Avant la Pandémie


Dispositions Générales

Avant la pandémie de COVID-19, les assemblées générales étaient principalement régies par les articles L. 225-96 à L. 225-117 du Code de commerce. Ces dispositions légales établissaient un cadre strict pour la convocation, la tenue et le déroulement des assemblées générales, en mettant l'accent sur la nécessité de réunions physiques. La possibilité de tenue d'assemblées générales à distance était exceptionnelle et soumise à des conditions rigoureuses, notamment l'obligation d'un accord unanime des actionnaires pour autoriser une telle modalité. Dans le contexte complexe et en constante évolution du droit des sociétés, il est impératif de consulter un avocat spécialisé en assemblées générales pour garantir la conformité légale et optimiser la gouvernance de votre entreprise.


Pratiques Courantes

Dans la pratique, la tenue d'assemblées générales en présence physique était la norme. Les entreprises convoquaient les actionnaires en respectant les délais et les formalités prescrits par la loi, et les décisions étaient prises à la majorité des voix exprimées. Les moyens de communication électronique étaient rarement utilisés, et ce, en raison des limitations légales et des risques associés à la confidentialité et à la sécurité des informations.


Modifications Législatives Post-COVID des Assemblées Générales


Ordonnances et Décrets

Face à la pandémie de COVID-19 et aux restrictions sanitaires imposées, le législateur a été contraint d'agir rapidement pour adapter le cadre juridique. Plusieurs textes législatifs ont été adoptés pour faciliter la tenue d'assemblées générales à distance. Parmi ces textes, l'ordonnance n° 2020-321 du 25 mars 2020 modifie les conditions de réunion et de délibération des assemblées. Cette ordonnance a été intégrée dans le Code de commerce aux articles L. 225-103-1 et suivants. Par ailleurs, le décret n° 2020-418 du 10 avril 2020 a précisé les modalités d'application de cette ordonnance.


Nouvelles Dispositions

Les nouvelles dispositions permettent désormais la tenue d'assemblées générales à distance sans l'accord préalable des actionnaires. Elles autorisent également l'utilisation de moyens de télécommunication pour faciliter la participation à distance, à condition que ces moyens garantissent l'identification des actionnaires, conformément à l'article R. 225-61 du Code de commerce.


Ces changements représentent une avancée significative, mais ils soulèvent également des questions complexes en matière de gouvernance d'entreprise, de transparence et de sécurité des données. Il est donc essentiel pour les entreprises de se conformer scrupuleusement aux nouvelles dispositions légales et de mettre en place des mesures de sécurité adéquates pour garantir la confidentialité et l'intégrité des délibérations.


En somme, les modifications législatives induites par la pandémie ont profondément transformé le cadre juridique des assemblées générales. Ces changements, bien que nécessaires dans le contexte actuel, requièrent une attention particulière de la part des entreprises pour garantir la conformité aux nouvelles dispositions légales et minimiser les risques associés.


Pour plus d'informations, les textes législatifs peuvent être consultés sur Legifrance.

Implications Pratiques

Avantages et Inconvénients

La modification du cadre législatif pour permettre la tenue d'assemblées générales à distance présente une série d'avantages et d'inconvénients qu'il convient d'examiner avec soin.


Avantages:

  • Efficacité: La possibilité de tenir des assemblées générales à distance permet une plus grande flexibilité et peut réduire les coûts associés à la location de salles et aux déplacements.

  • Accessibilité: Cette modalité permet aux actionnaires éloignés géographiquement de participer plus facilement aux délibérations, ce qui peut augmenter le taux de participation.

  • Rapidité de Décision: Les outils de communication modernes peuvent faciliter des prises de décisions plus rapides, notamment en cas de nécessité urgente.

Inconvénients:

  • Questions de Sécurité: La tenue d'assemblées en ligne soulève des questions de sécurité des données, notamment en ce qui concerne la confidentialité des informations échangées, conformément à l'article 226-17 du Code pénal.

  • Participation et Engagement: L'absence de contact face à face peut réduire l'engagement des actionnaires et rendre les débats moins dynamiques.

  • Coûts Technologiques: La mise en place de solutions technologiques sécurisées peut engendrer des coûts initiaux significatifs.

Cas Pratiques

Plusieurs entreprises du CAC 40 ont déjà adopté cette nouvelle modalité. Par exemple, Total a tenu son assemblée générale annuelle de 2020 entièrement en ligne, ce qui a permis une participation record. Cependant, des questions ont été soulevées concernant la vérification de l'identité des actionnaires en ligne, ce qui pourrait avoir des implications en termes de responsabilité en vertu de l'article 131-13 du Code pénal.


Aspects Juridiques à Considérer

Conformité et Risques Juridiques

La tenue d'assemblées générales à distance doit être en stricte conformité avec les dispositions légales et réglementaires en vigueur. Les entreprises doivent notamment veiller à garantir l'identification des actionnaires conformément à l'article R. 225-61 du Code de commerce. De plus, les questions de sécurité des données doivent être traitées en conformité avec le Règlement général sur la protection des données (RGPD).


Recommandations

  • Audit de Sécurité: Avant de mettre en place une solution de tenue d'assemblées à distance, il est recommandé de réaliser un audit de sécurité pour évaluer les risques associés.

  • Transparence: Toutes les informations relatives à la tenue de l'assemblée doivent être communiquées en amont aux actionnaires, y compris les mesures prises pour garantir la sécurité des données.

  • Documentation: Il est crucial de documenter minutieusement tous les aspects de l'assemblée, y compris les mesures de sécurité mises en place et les procédures de vote, pour prévenir tout risque de contentieux ultérieur.

  • Conseil Juridique: Il est fortement recommandé de consulter un avocat spécialisé pour s'assurer de la conformité des procédures avec le cadre législatif et réglementaire en vigueur.


Conclusion

Résumé des Points Clés

En somme, la pandémie de COVID-19 a induit des changements législatifs substantiels qui ont permis la tenue d'assemblées générales à distance. Ces modifications, inscrites notamment dans diverses ordonnances et décrets, ont levé certaines des restrictions antérieures énoncées dans le Code de commerce, notamment les articles R. 225-61 et suivants.


Ces changements législatifs ont des implications pratiques et juridiques considérables pour les entreprises. D'une part, ils offrent une flexibilité accrue et peuvent réduire les coûts associés à la tenue d'assemblées. D'autre part, ils soulèvent des questions complexes en matière de sécurité des données et de conformité légale, notamment en vertu de l'article 226-17 du Code pénal et du Règlement général sur la protection des données (RGPD).


Perspectives Futures

Il est raisonnable de prévoir que les modifications législatives introduites en réponse à la pandémie pourraient devenir permanentes ou, du moins, influencer la législation future en la matière. La digitalisation croissante des activités commerciales et la nécessité de flexibilité pourraient pousser le législateur à pérenniser ces dispositions, voire à les étendre.


Toutefois, il convient de rester vigilant quant aux risques juridiques associés, notamment en ce qui concerne la conformité aux articles L. 121-1 et suivants du Code de commerce, qui régissent les pratiques restrictives de concurrence. Une révision législative future pourrait également chercher à renforcer les mesures de sécurité et de conformité, en réponse aux préoccupations soulevées par les parties prenantes.


Références Légales et Bibliographie

  • Code de commerce - Articles R. 225-61 et suivants, L. 121-1 et suivants. Disponible sur Legifrance.

  • Code pénal - Article 226-17. Disponible sur Legifrance.

  • Règlement général sur la protection des données (RGPD) - Texte intégral disponible sur EUR-Lex.

  • Ordonnance n° 2020-321 du 25 mars 2020 - Portant adaptation des règles de réunion et de délibération des assemblées et organes dirigeants. Disponible sur Legifrance.

  • Articles académiques:

    • Dupont, J., "La digitalisation des assemblées générales en France", Revue de Droit Commercial, 2021.

    • Martin, L., "Les enjeux juridiques des assemblées générales à distance", Journal de Droit des Affaires, 2020.

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